Face à l'augmentation du prix des énergies fossiles et du coût de la vie,
le succès du bois de chauffage ne fait plus aucun doute. De plus en plus de personnes font le choix de se chauffer au bois. Malheureusement, ce succès n’est pas sans conséquence sur la sécurité des piles de bois qui sèchent en forêt avant d’être utilisés. En effet, la délinquance est en train de gagner la forêt et les bords de route avec une explosion des cas de vols de bois de chauffage et parfois de carburant voire même de matériels d’exploitation forestière. De véritables pirates forestiers sévissent presque partout dans tous les grands massifs forestiers (Landes, Var, Jura,..) et dépouillent les professionnels aussi bien que les particuliers.
Inquiétude des professionnelsLa recrudescence des délits et contraventions commis dans les bois et les bords de routes forestières inquiète les entreprises de travaux forestiers (ETF). En juin 2012, l’Association des ETF faisait état de 81 vols et dégradations déclarés par les ETF pour un montant de 2 millions d’euro.
En juin 2013, ce chiffre est passé à 114 pour un montant d’environ 2,5 millions d’euros. Gérard NAPIAS, Président de L’Association des Entrepreneurs de Travaux Forestiers d’Aquitaine (ETFA) monte au créneau en condamnant fermement ces actes crapuleux et tire la sonnette d’alarme.
Le bois en forêt est toujours la propriété d’une personne ou d’une collectivité. D'un point de vue légal, prendre du bois sans l'autorisation de son propriétaire, c'est tout simplement le voler.
Certains professionnels peu scrupuleux se font l’économie du prix de l’arbre acheté sur pied, de l’abattage et du débardage en allant tout simplement piller les tas de bois.
C’est le cas de Charly Roy de l’entreprise STR dans le Jura. En septembre 2013, il a fait les frais de ces voleurs en perdant ses 400 stères de bois (200 m de piles de bois sur 2 mètres de hauteur !) en forêt de Chaux (22 000 ha). Ceux qui ont commis ce vol sont bien équipés et il leur a fallu plusieurs allers-retours en camion pour commettre cet acte odieux. Quand on sait que les assureurs ne prennent pas en compte les stocks de bois en extérieur, cet ETF a donc perdu plus de 15 000 euro.
Une surveillance quasi-impossible Le bois de chauffage est souvent disposé en stères le long des routes forestières ou autres chemins carrossables afin de pouvoir sécher avant d’être consommé. Les territoires concernés sont immenses et parfois difficiles d’accès. À moins de tomber nez-à-nez avec les contrevenants, il est quasi impossible de surprendre un flagrant délit de vol de bois de chauffage.
Malgré la présence régulière des agents de l’ONF dans les forêts domaniales et communales et le soutien des gendarmes qui renforcent la surveillance des accès, les moyens de surveillance restent faibles et ne semblent pas décourager les voleurs. Certaines victimes ont tenté de mettre des balises dans les piles de bois ou des peintures sur certains morceaux de bois pour avoir une certaine traçabilité. D’autres ont mis en place des projecteurs solaires, ou des systèmes d’alarme dissuasifs, mais les résultats ne sont pas très convaincants. Il existe d’autres solutions techniques comme la vidéosurveillance mais l’investissement est important et le système ne sera pas proportionnel à la valeur marchande.
Conséquences pour les usagers Face à cette recrudescence des vols en forêt, certains professionnels ne veulent plus fendre le bois à l'avance car les voleurs n'auraient plus qu’à se servir. Si les professionnels sont amenés à ne plus laisser sécher le bois en bord de route, cela pourrait être dommageable pour les usagers qui se retrouveront donc avec un bois moins sec (c'est déjà le cas en région parisienne). Ils devront alors trouver eux même le moyen de le stocker/sécher et surveiller à leurs propres frais.
Un appel à la vigilance citoyenneLe bois de chauffage suscite une réelle convoitise. Certains professionnels se tournent vers l'illégalité sans scrupule et les préjudices de leurs actes sont énormes. Avec la conjoncture, les ETF ont de moins en moins de trésorerie pour assurer la pérennité de leur entreprise.
L'association des entrepreneurs de travaux forestiers fait appel à la vigilance de tous : opérateurs forestiers, chasseurs, randonneurs… pour signaler à la gendarmerie tout véhicule ou personne suspecte à proximité des piles de bois ou de machines forestières.
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